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Après avoir commencé la saison à Valenciennes, Jason Berthomier a saisi une opportunité sportive et familiale en s’engageant avec les Newcastle Jets, en Australie. Après un mois, et alors que le championnat débute vendredi, le Bourbonnais ne regrette pas son choix.
Laurent Calmut

 

Un chiffre

6joueurs français jouent actuellement en Australie, comme Valère Germain, Damien Da Silva ou Florin Bérenguer, arrivé en 2018. Le Franco-Marocain Hamza Sakhi a été prêté par Auxerre à Melbourne City, cette saison.

1 RE JOURNÉE

L’équipe de Jason Berthomier débute la saison à Perth, de l’autre côté du pays. Au menu du plus long déplacement de la saison : 6 heures de vol, 2 heures de décalage et un départ trois jours avant le match…

championnat

Le championnat reprend vendredi, pour s’achever au mois de mai. Double tenant du titre et membre constant du top 5 depuis huit ans, le Melbourne City d’Hamza Sakhi sera encore favori à sa succession, devant les deux équipes de Sydney, au sein d’une ligue fermée et composée de douze franchises, majoritairement regroupées sur la côte sud-est du pays. En plus des onze équipes australiennes, les Néo-Zélandais de Wellington ont été intégrés à la A-League Men en 2007. Créé en 1977, relancé en 2005 autour de huit clubs, le championnat australien permet au football de se faire une place parmi les nombreux sports suivis et pratiqués par les Australiens, grâce au soutien de grandes entreprises. Chaque saison, les deux premiers se qualifient pour la Ligue des champions d’Asie. L’an passé, Melbourne a manqué de peu la qualification en 8 es de finale.

AFFLUENCE

Avant le Covid, les matchs de A-League attiraient en moyenne 10.000 spectateurs. L’équipe de Melbourne Victory est celle qui compte le plus de supporters, avec près de 20.000 spectateurs en moyenne.

«Salut Fahid, comment ça va ? » Dans les tribunes du Suncorp Stadium de Brisbane, en août dernier, Sonia Souid croise Fahid Ben Khalfallah, l’ancien joueur de Bordeaux, installé en Australie depuis la fin de sa carrière.

Les deux agents discutent, pendant que Jason Berthomier, à des milliers de kilomètres de là, entame sa deuxième saison à Valenciennes, avec l’idée de jouer un peu plus que la précédente. L’ex-Clermontois ne jouera que deux matchs avec le VAFC, avant de débarquer chez les kangourous, avec femme et enfants, un mois plus tard.

À 33 ans, après avoir tout connu entre la DH et la Ligue 1, le milieu a opté pour l’opportunité rêvée, celle d’une expérience à l’étranger pour laquelle il se tenait prêt à tout plaquer. « Je me posais pas mal de questions sur le foot en général, par rapport à ce que j’avais vécu », évoque celui qui aurait pu aller à Bordeaux ou en Italie avant Valenciennes. « C’est comme quand tu joues à la console, que t’as fini une fois le jeu. Quand tu y rejoues, ce n’est plus pareil. »

Avec les Jets de Newcastle, Jason Berthomier s’offre donc un nouveau bonus. Un choix fait en quelques jours, le temps de résilier son contrat, de rapatrier tous les meubles à Montluçon, d’embrasser la famille et de décoller en direction de l’est de l’Australie. Par l’intermédiaire de Mathieu Debuchy, il a pris le temps d’appeler son futur coéquipier, Carl Jenkinson, ancien défenseur d’Arsenal. Il a aussi eu son nouvel entraîneur au téléphone, Rob Stanton. « Il savait quel genre de joueur j’étais et il m’a dit ce qu’il attendait de moi, sur et en dehors du terrain. »

« Maintenant ou jamais »

Du dehors, justement, dépendra la réussite du milieu, balle au pied. Aussi, Jason Berthomier n’a pas tout de suite rejoint sa nouvelle équipe, alors en pleine préparation. « Le coach m’a dit : “Tu viens, tu t’installes, tu vas à la plage avec ta femme et tes enfants, tu vas au resto, dans les parcs, tu joues et tu t’amuses. Tu te mets bien ici, tu prends le confort australien et après, on parlera de foot”. » Deux semaines plus tard, les premiers contacts avec ses nouveaux coéquipiers le confortent aussi dans son choix. Il se fait vite une idée du niveau, les équipes jouant les matchs amicaux avec le même engagement que le championnat. « Comme la prépa est assez longue, ils les considèrent franchement. Ici, ça court tout le temps. Il y a un peu moins d’intensité dans les duels, tu as plus de temps tactiquement, et techniquement, c’est peut-être un petit cran en dessous. Mais ça ne calcule pas. »

Du jeu de transition, rapide, mais pas que. Certaines intentions ont d’abord surpris Jason Berthomier, mais celui qui affiche entre autres plus de 200 matchs de L2 imagine désormais les meilleurs clubs de A-League rivaliser avec le haut du tableau de la D2 française. « Il y a de belles équipes, avec de super joueurs. Si tu viens ici pour les vacances, tu te fais éclater car les mecs sont des machines. Beaucoup d’entre eux pourraient jouer en Europe pour progresser, mais ici, c’est la vie qu’ils veulent. »

Café, plage, sport

Tu m’étonnes, se dit Jason… À l’autre bout du monde, le Montluçonnais a découvert une autre mentalité et des conditions de vie incomparables. « Les gens bossent beaucoup mais ils donnent de l’importance au day off(jour de congé) , où tu commences ta journée en allant à la plage, pour prendre un café et le boire avec des amis. Ici, il fait beau, les gens ont envie d’être dehors. Tout le monde est dehors et fait du sport. Ils sont toujours en train de marcher, de courir, ils vont à la salle. Dans les parcs, il y a plein de trucs à faire. Les gens t’accostent avec le sourire dès qu’ils voient que tu n’es pas australien. »

Avec ses deux enfants et sa femme, il a aussi opté pour une expérience familiale, de celle qu’il n’aurait pas pu vivre ailleurs, ni après. « On s’est dit : si on ne le fait pas maintenant, on ne le fera jamais. C’était le moment, même si ce n’est pas simple. On ne voulait pas regretter de ne pas l’avoir fait. »

 Beaucoup de joueurs australiens pourraient jouer en Europe pour progresser, mais ici, c’est la vie qu’ils veulent 
 

Article paru dans le journal La Montagne de ce jour 

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Il y a 4 heures, ALJE a dit :
Après avoir commencé la saison à Valenciennes, Jason Berthomier a saisi une opportunité sportive et familiale en s’engageant avec les Newcastle Jets, en Australie. Après un mois, et alors que le championnat débute vendredi, le Bourbonnais ne regrette pas son choix.
Laurent Calmut

 

Un chiffre

6joueurs français jouent actuellement en Australie, comme Valère Germain, Damien Da Silva ou Florin Bérenguer, arrivé en 2018. Le Franco-Marocain Hamza Sakhi a été prêté par Auxerre à Melbourne City, cette saison.

1 RE JOURNÉE

L’équipe de Jason Berthomier débute la saison à Perth, de l’autre côté du pays. Au menu du plus long déplacement de la saison : 6 heures de vol, 2 heures de décalage et un départ trois jours avant le match…

championnat

Le championnat reprend vendredi, pour s’achever au mois de mai. Double tenant du titre et membre constant du top 5 depuis huit ans, le Melbourne City d’Hamza Sakhi sera encore favori à sa succession, devant les deux équipes de Sydney, au sein d’une ligue fermée et composée de douze franchises, majoritairement regroupées sur la côte sud-est du pays. En plus des onze équipes australiennes, les Néo-Zélandais de Wellington ont été intégrés à la A-League Men en 2007. Créé en 1977, relancé en 2005 autour de huit clubs, le championnat australien permet au football de se faire une place parmi les nombreux sports suivis et pratiqués par les Australiens, grâce au soutien de grandes entreprises. Chaque saison, les deux premiers se qualifient pour la Ligue des champions d’Asie. L’an passé, Melbourne a manqué de peu la qualification en 8 es de finale.

AFFLUENCE

Avant le Covid, les matchs de A-League attiraient en moyenne 10.000 spectateurs. L’équipe de Melbourne Victory est celle qui compte le plus de supporters, avec près de 20.000 spectateurs en moyenne.

«Salut Fahid, comment ça va ? » Dans les tribunes du Suncorp Stadium de Brisbane, en août dernier, Sonia Souid croise Fahid Ben Khalfallah, l’ancien joueur de Bordeaux, installé en Australie depuis la fin de sa carrière.

Les deux agents discutent, pendant que Jason Berthomier, à des milliers de kilomètres de là, entame sa deuxième saison à Valenciennes, avec l’idée de jouer un peu plus que la précédente. L’ex-Clermontois ne jouera que deux matchs avec le VAFC, avant de débarquer chez les kangourous, avec femme et enfants, un mois plus tard.

À 33 ans, après avoir tout connu entre la DH et la Ligue 1, le milieu a opté pour l’opportunité rêvée, celle d’une expérience à l’étranger pour laquelle il se tenait prêt à tout plaquer. « Je me posais pas mal de questions sur le foot en général, par rapport à ce que j’avais vécu », évoque celui qui aurait pu aller à Bordeaux ou en Italie avant Valenciennes. « C’est comme quand tu joues à la console, que t’as fini une fois le jeu. Quand tu y rejoues, ce n’est plus pareil. »

Avec les Jets de Newcastle, Jason Berthomier s’offre donc un nouveau bonus. Un choix fait en quelques jours, le temps de résilier son contrat, de rapatrier tous les meubles à Montluçon, d’embrasser la famille et de décoller en direction de l’est de l’Australie. Par l’intermédiaire de Mathieu Debuchy, il a pris le temps d’appeler son futur coéquipier, Carl Jenkinson, ancien défenseur d’Arsenal. Il a aussi eu son nouvel entraîneur au téléphone, Rob Stanton. « Il savait quel genre de joueur j’étais et il m’a dit ce qu’il attendait de moi, sur et en dehors du terrain. »

« Maintenant ou jamais »

Du dehors, justement, dépendra la réussite du milieu, balle au pied. Aussi, Jason Berthomier n’a pas tout de suite rejoint sa nouvelle équipe, alors en pleine préparation. « Le coach m’a dit : “Tu viens, tu t’installes, tu vas à la plage avec ta femme et tes enfants, tu vas au resto, dans les parcs, tu joues et tu t’amuses. Tu te mets bien ici, tu prends le confort australien et après, on parlera de foot”. » Deux semaines plus tard, les premiers contacts avec ses nouveaux coéquipiers le confortent aussi dans son choix. Il se fait vite une idée du niveau, les équipes jouant les matchs amicaux avec le même engagement que le championnat. « Comme la prépa est assez longue, ils les considèrent franchement. Ici, ça court tout le temps. Il y a un peu moins d’intensité dans les duels, tu as plus de temps tactiquement, et techniquement, c’est peut-être un petit cran en dessous. Mais ça ne calcule pas. »

Du jeu de transition, rapide, mais pas que. Certaines intentions ont d’abord surpris Jason Berthomier, mais celui qui affiche entre autres plus de 200 matchs de L2 imagine désormais les meilleurs clubs de A-League rivaliser avec le haut du tableau de la D2 française. « Il y a de belles équipes, avec de super joueurs. Si tu viens ici pour les vacances, tu te fais éclater car les mecs sont des machines. Beaucoup d’entre eux pourraient jouer en Europe pour progresser, mais ici, c’est la vie qu’ils veulent. »

Café, plage, sport

Tu m’étonnes, se dit Jason… À l’autre bout du monde, le Montluçonnais a découvert une autre mentalité et des conditions de vie incomparables. « Les gens bossent beaucoup mais ils donnent de l’importance au day off(jour de congé) , où tu commences ta journée en allant à la plage, pour prendre un café et le boire avec des amis. Ici, il fait beau, les gens ont envie d’être dehors. Tout le monde est dehors et fait du sport. Ils sont toujours en train de marcher, de courir, ils vont à la salle. Dans les parcs, il y a plein de trucs à faire. Les gens t’accostent avec le sourire dès qu’ils voient que tu n’es pas australien. »

Avec ses deux enfants et sa femme, il a aussi opté pour une expérience familiale, de celle qu’il n’aurait pas pu vivre ailleurs, ni après. « On s’est dit : si on ne le fait pas maintenant, on ne le fera jamais. C’était le moment, même si ce n’est pas simple. On ne voulait pas regretter de ne pas l’avoir fait. »

 Beaucoup de joueurs australiens pourraient jouer en Europe pour progresser, mais ici, c’est la vie qu’ils veulent 
 

Article paru dans le journal La Montagne de ce jour 

On a notre vie en France mais chaque pays a son charme : Jason a choisi un peu d'aventure dans un pays où les frenchies ne sont pas toujours accueillis à bras ouverts, Alessandrini disait qu'un joueur de soccer était moins sollicité (importuné) qu'en France, Novillo ?

Merci et bonne chance à eux

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Adrian Grbic, ancienne tête d'affiche du mercato lorientais, est au placard

Recruté à prix d'or il y a trois ans, l'attaquant autrichien Adrian Grbic est en situation d'échec à Lorient, à tel point que son président Loïc Féry a cherché à l'exfiltrer cet été. Dans l'entourage du joueur, on apprécie moyennement la situation.

« On est off là ? » Comme dans une série Netflix, le documentaire « Les 2023 dernières minutes du mercato estival », produit par la LFP, met en scène plusieurs personnages, filmés les 31 août et 1er septembre. Parmi eux figure le président de Lorient, Loïc Féry, qui cherche à exfiltrer son attaquant Adrian Grbic.

Et pour cause : après un prêt de six mois à Valenciennes (L2), l'Autrichien de 27 ans (100 000 euros brut mensuels hors primes) est relégué au 6e rang des attaquants lorientais, derrière Aiyegun Tosin, Bamba Dieng, Siriné Doucouré, Eli Kroupi et Pablo Pagis. Comme son prédécesseur Christophe Pelissier, Régis Le Bris, son entraîneur, ne compte pas sur lui.

« S'il doit diminuer un peu son salaire pour retrouver du temps de jeu, je pense que c'est très important qu'il le fasse, dit Féry à l'agent du joueur. Donc tu dis à Adrian qu'il ne lui reste que quelques heures pour décider. Ma position est ferme : en cas de prêt, on ne prend pas de salaire. Là maintenant, il est temps qu'il se prenne en main. Ce qui est important, ce n'est pas ce qu'il va toucher sur les douze prochains mois. C'est qu'il redevienne international, qu'il ait du temps de jeu. Hajduk Split ou Eibar, ce sont des clubs où il va jouer donc il lui faut ça. »

Avant e confier au joueur : « Ça ne me gêne pas que tu restes mais je ne pense pas que ce soit idéal pour toi. Ce que je comprends, c'est que tu n'auras pas énormément de temps de jeu cette saison. Essaie d'intégrer un club où tu es sûr de jouer. » Féry converse enfin avec le DG d'Eibar (D2 espagnole), Jon Ander Ulazia : « Vous laissez tomber Adrian Grbic ou vous gardez l'attaquant vedette qui vous mènera à la Liga ? »

Finalement, l'attaquant n'est jamais parti. Et, pour faire dans la litote, ces échanges n'ont pas vraiment plu au clan Grbic. « C'est du n'importe quoi, du Féry tout craché, assure-t-on dans l'entourage du joueur. C'est le plus grand acteur vu dans le monde du football. Là, il a parlé de carrière, de foot, de bien-être... D'habitude, avec lui, c'est financier. Adrian a pris un coup, il est passé pour le mec qui ne voulait pas partir à cause de l'argent... »

La réalité serait, en fait, plus nuancée. Au sujet d'Eibar, l'intime du joueur estime que Lorient était bien prêt à prendre en charge une partie du salaire. Mais que Grbic ne voulait pas y aller car sa priorité était... Clermont, son ancien club, où il s'est révélé lors de la saison 2019-2020 (17 buts en L2). Problème : le 1er septembre, le club auvergnat a privilégié la piste Shamar Nicholson. Bordeaux avait également pris la température au début du mercato, mais l'Autrichien (9 sélections, 4 buts) avait joué la montre. Pari perdu. Dans les derniers instants du marché estival, la Sampdoria (D2 italienne) a aussi tenté une approche, en vain.

Lors de sa venue il y a trois ans, Féry avait convaincu personnellement le joueur, alors que ce dernier était proche de Brest. Grbic avait signé cinq années, pour 7 M€ (plus 2 de bonus), il devait devenir la tête d'affiche des Merlus, mais il ne s'est jamais imposé et n'a disputé aucune minute de jeu cette saison.

« Il y a toujours des joueurs sur lesquels vous investissez et qui, malheureusement, n'entrent ensuite pas dans les plans, regrette Féry, interrogé lundi. D'après les retours que j'ai du groupe, c'est un joueur de talent. C'était une déception, effectivement, qu'il ne choisisse pas de se relancer cet été. Adrian a choisi de rester. Il pense qu'il peut, peut-être, avoir sa chance. On verra. Il faut avoir beaucoup d'humilité, les choses changent tellement vite. »

En attendant mieux, Grbic continue de s'entraîner avec les pros et un préparateur physique personnel. Au quotidien, il est soutenu par sa compagne, s'adonne à la cuisine végane et son chien Simba lui redonne le sourire. Un départ cet hiver est de nouveau envisagé, mais Grbic l'assure en privé : il veut réussir à Lorient.

Thomas Doucet et Franck Le Dorze pour L’Equipe

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  • 2 weeks later...

SALIS ABDUL SAMED L’odyssée inversée
 

ommes retournés sur les traces du milieu lensois en Côte d’Ivoire, à l’académie Jean-Marc Guillou, où il a fini sa formation de 2016 à 2019. 
HERVÉ PENOT 

DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL 

DJÉKANOU (CIV) – Les consignes tombent via le téléphone portable. On laisse l’église évangélique des Assemblées de Dieu sur la gauche, on passe les deux dos-d'âne sur une route parfois défoncée, mangée sur les côtés par des herbes folles. Pas simple, sans des indications précises, de trouver l’académie Jean-Marc Guillou à Djékanou, à plus de deux cents kilomètres d’Abidjan, en Côte d’Ivoire. C’est là que Salis Abdul Samed a terminé sa formation avant de rejoindre Clermont en 2019, puis Lens à l’été 2022.

Le chauffeur, un peu perdu, suit les conseils, il longe la gendarmerie, tourne devant la mosquée, pas loin d’une blanchisserie, puis quitte le goudron pour une piste caillouteuse. Une poule évitée de justesse et s’ouvrent les grilles de l’académie, son terrain en herbe et ses petites maisons fraîchement repeintes en jaune, ceinturés par un mur de protection.

Tout apparaît sommaire, peu clinquant mais fonctionnel, propre. Des dortoirs avec des lits superposés pour huit ou dix gamins dans des pièces étroites accueillent les différentes promotions. Sur le tableau d’une salle de classe exiguë, des mots rappellent des consignes utiles. Mais l’école reste secondaire dans cet univers dédié à la réussite sportive.

“Il n’arrêtait jamais, il était très turbulent, il taquinait sans cesse, sauf quand il était malade”

DIANE, GESTIONNAIRE HUMAINE DES GROUPES À L’ACADÉMIE JEAN-MARC GUILLOU

Des académiciens jonglent, rigolent en cette journée ensoleillée d’octobre, comme le faisait Abdul Samed quand il a intégré ce complexe en 2016, après la fermeture du site au Ghana, dans l’espoir d’un destin en or. Le milieu de 23 ans s’est formé loin des centres européens flambant neufs qui rivalisent de technologies dernier cri. Il a pourtant fallu au Ghanéen s’y reprendre à quatre fois à Accra, dans sa ville, en 2013, avant de réussir le concours d’entrée, cette sélection impitoyable où un bambin de moins de 35 kg (cette sélection se décide sur les poids) doit être remarqué parmi des centaines d’autres.

Salis, son nom devenu par la faute d’une erreur administrative son prénom sur son passeport, n’a pas lâché. Diane, la « maman » togolaise de tous ces enfants, a suivi un cursus identique au Lensois : le Ghana puis la Côte d’Ivoire, en sa qualité de gestionnaire humaine des groupes.

« Salis, si on ne l’entendait pas, c’est qu’il n’était pas là, dit-elle. Il n’arrêtait jamais, il était très turbulent, il taquinait sans cesse, sauf quand il était malade. Et dans ces moments, il était sauvagement malade, complètement abattu. Une fois, je l’ai même porté sur le dos pour le faire sortir de sa chambre. Au Ghana, ses collègues le mettaient dans la voiture quand il avait des crises de paludisme. Comment peut-il faire ce métier en étant comme ça de nature ? » Elle s’interroge. Mais qui allait briser sa volonté inoxydable de quitter son univers miséreux ?

Diane se souvient parfaitement d’une histoire comme un symbole, quand Salis a été renvoyé une quinzaine de jours pour une bagarre, privé de ses quatre repas quotidiens, des commodités les plus simples. « Pendant sa punition, il venait me voir : “Maman, je rentre quand ?” Il n’avait même pas à manger… Il n’avait pas une belle vie, souligne-t-elle pudiquement. Il ne connaissait pas sa maman, alors sa grand-mère venait le voir les week-ends. Ils étaient dans un quartier vraiment précaire où il n’y avait rien. Le papa était mort, je crois aussi. Ensuite, sa grand-mère est morte et il a pu finalement connaître sa maman réelle. » Mais bien plus tard, juste avant de s’envoler vers l’Europe.

Le Ghanéen avait compris que sa chance résidait entre les mains des éducateurs de «JMG». Il a à peine 16 ans quand il rejoint la Côte d’Ivoire, un exil comme la promesse de matins qui chantent. Il n’a aucune famille sur laquelle se reposer, juste des potes de promo sur fond de rêves de grandeur.

EN BREF 

23 ANS (GHA) 1,79 m ; 69 kg Club : Lens. Milieu de terrain. 10 sélections.

2022 : le 17 novembre, il honore sa première sélection avec le Ghana en disputant en intégralité une rencontre amicale face à la Suisse (2-0). 

2023 : le 8 juin, il prolonge d’un an son contrat avec Lens, jusqu’en 2028, un an seulement après son arrivée de Clermont. 

Abdul Samed se glisse dans cet univers francophone «mais possède déjà un bon niveau car, au Ghana, tout était fait en français », intervient Aimé, le professeur. Et le jeune joueur aime déjà se moquer de son compatriote Alidu Seidu, l’actuel Clermontois, son double, autre transfuge de l’académie Jean-Marc Guillou à l’Auvergne en 2019. 

À Djékanou, il découvre un endroit basique, sans eau, sans électricité, un terrain rudimentaire où il perfectionne ses gammes, d’abord pieds nus comme le prévoit la charte de Guillou. « Il y avait des herbes très coupantes, des petits cailloux. Il avait, comme les autres, des plaies partout sur les pieds. Mentalement, il était costaud», souligne Adrien Gaignon, le patron des lieux. Ce dernier balaie du regard cet endroit où des mômes discutent, s’amusent sous le regard de trois molosses intimidants en charge de la sécurité du site. Les éclats de rire fusent dans l’attente du deuxième entraînement quotidien. 

“Il entraînait les autres, les poussait au pressing et n’était pas maladroit techniquement"

ADRIEN GAIGNON, DIRECTEUR DE L’ACADÉMIE JEAN-MARC GUILLOU À DJÉKANOU 

L’avenir de Salis s’est dessiné, comme eux, sous ce soleil tapant, dans la multiplication des séances, dans des matches amicaux de fin de semaine pour maîtriser un style sans la pression immédiate du résultat. « “La victoire n’est pas un objectif mais une conséquence”, adit Raynald Denoueix (ancien entraîneur de Nantes notamment), et c’est vraiment top, s’enthousiasme Gaignon. Çanous correspond. Nous, on enchaîne les rencontres amicales et Salis s’est développé dedans. Ça oblige à oser faire quelque chose, ne pas être obsédé par le résultat. Et Salis entraînait les gens par son positivisme, il mettait de la vie dans le groupe.» 

Pour l’un de ses passages de degré, suivant un principe naturel de progression in stitué par Guillou, Salisréclame le mail lot de l’Alle magne, un e équipe commeun einspiration. « C ’ ét a it un énorme bosseur, insiste Gaignon. Et un gagneur, un compétiteur. Il entraînait les autres, les poussait au pressing et n’était pas maladroit techniquement. Il avait un vrai bon comportement.» 

Salis s’échappe parfois du cadre sportif les soirs de permission, se rend même à l’église voisine, lui le musulman. «Car il aimait s’amuser, jouer du tam-tam et danser», rappelle Aimé. Et trouver accessoirement de nouvelles connaissances pour parfaire son niveau de langue… 

Des jeunes du centre en parlent aujourd’hui comme d’un modèle. De celui qui a réussi. Diane se souvient parfaitement du jour de son départ: «Salis est venu frapper à ma porte et m’a dit: “Maman, il faut que tu me bénisses.” Ça m’a surprise car je suis chrétienne, pas musulmane… » Mais elle a exécuté son souhait. Pour lui donner une force supplémentaire. 

Elle ne croyait pas le revoir de sitôt. Juste avant de signer à Lens, en juin 2022, le milieu de terrain est pourtant repassé dans sa famille de cœur. Gaignon : « Il m’a appelé et m’a dit: “Coach, je rentre à la maison une journée !” Au Ghana ? “Non, à l’académie, j’arrive!”» 

Il est fi na lem e nt resté trois jours, a dormi sur un lit superposé avec les enfants, si loin des hôtels dédiés à la Ligue 1, puis s’est entraîné avec eux. Comme au bon vieux temps, quand le Ghanéen touchait 60 euros mensuels à 18 ans, une fortune pour lui. Il a ensuite glissé à Diane de l’argent pour les gamins, pour le personnel, dans un geste de reconnaissance éternelle. Salis n’a jamais oublié où tout a commencé. É

Article paru dans L’Equipe de ce jour

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  • 2 weeks later...

Hé ben il revient de loin lui, jamais vu un joueur ici se faire bouger autant en L2, à chaque contact il était à terre,  il avait pas le coffre à l'époque et sa taille avec son 1M68 était peu être un handicap. D'ailleurs son prêt avait duré 6 mois.

Modifié par elliot
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Boulaya s'éclate au Quatar à Al Gharafa, 8 matchs et 4 buts 4 passes décisives. 

Mana Dembelé à presque 35 ans joue en N3 à l'uS Ivry depuis début août, 7 matchs 6 buts  😜

Ishak Belfodil joue en Azerbaidjan au Sabah FK, il à bientôt 32 ans, dire que quand Lyon est venu le chercher il avait 17 ans, le temps passe.  Son petit frère joue en U14 au Clermont Foot d'ailleurs.

Modifié par elliot
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  • 3 weeks later...

Des nouvelles de notre ancien joueur Eusebio Mbaki qui était arrivé en 2019 au club via le TP Mazembe et qui était reparti après une affaire qui avait fait du bruit dans les médias à l'époque ( les joueurs avaient pas le niveau, ils faisaient n'importe quoi avec leur salaire et l'hygiène de vie était pas celle de professionnels etc etc). Bref il était reparti avant la fin du contrat au TP Mazembe et puis le revoilà en France, un peu partout, avec un peu de réussite puisqu'il jouait en N2 en Vendée...jusqu'ici....

https://footamateur.ouest-france.fr/national-2-mbaki-la-roche-vf-dans-le-viseur-de-la-fff/

La commission fédérale des règlements et contentieux doit se pencher sur le cas d’Eusebio Francis Mbaki (La Roche VF) qui possède deux licences différentes.

Titulaire lors des neuf premiers matchs de National 2 avec la Roche VF, Francis Eusebio Mbaki n’est plus apparu sur la feuille de match depuis le match nul contre Libourne le 11 novembre dernier. L’attaquant congolais est en effet suspendu à titre conservatoire par la commission fédérale des règlements et contentieux (CFRC). Un adversaire du club yonnais a en effet fait une demande d’évocation pour une possible fraude sur licence.

 

Mbaki est arrivé en France à l’été 2019 avec deux autres joueurs Congolais, tous prêtés par le TP Mazembe (République Démocratique du Congo) au Clermont Foot 63. Le club auvergant avait alors dû leur faire signer un contrat professionnel. Après un imbroglio dans le Puy de Dôme, et un retour dans son pays natal, Francis Eusebio Mbaki est revenu dans l’Hexagone, aux TVEC Les Sables d’Olonne. Sa licence joueur pour la saison 2021-2022 n’a pas été validée par la Ligue des Pays de la Loire en l’absence d’un certificat de transfert international (CIT). Il avait alors pris une licence dirigeant avec le club sablais.

Les prénoms inversés entre les deux licences

Même chose en septembre 2022 lorsque le joueur a voulu signer à Saint-Leu-la-Forêt (Val d’Oise). Sa licence a été refusée à cause de l’absence de CIT. Sur la demande de licence, il était indiqué « dernier club quitté : CS Don Bosco, RD Congo ». Pourtant, il a obtenu une licence à l’UJ Clermontoise (Puy-de-Dôme) le 11 octobre 2022 sous le nom Eusebio Francis Mbaki avant de signer au TVEC Les Sables d’Olonne le 18 octobre. Cette fois comme joueur.

 

Est-ce une négligence de la Ligue Auvergne Rhône-Alpes lors de la délivrance de la licence au club de Clermont-Ferrand ? « L’homonymie a pourtant été contrôlée mais il n’y avait pas le nom du club quitté sur la demande de licence et aucun certificat international de transfert n’a été délivré » nous précise une source proche du dossier.

Que risque La Roche Vendée Football ?

Après une grosse saison en Régional 1, et un quadruplé en finale de la coupe de Vendée, « Eusebio » s’est engagé avec La Roche Vendée Football (promu en National 2) cet été. Mais ces deux licences – avec seulement les deux prénoms inversés comme différence – a interpellé Paris 13 Atletico le 6 octobre. Le club francilien a ainsi fait une demande d’évocation auprès de la CFRC. La commission fédérale doit désormais déterminer les responsabilités entre le joueur et les différents clubs.

 

Si le joueur risque une annulation de sa licence, et une suspension, quid de La Roche VF ? Si on se réfère à des dossiers récents, comme le cas Pape Cheikh Traoré à Avoine Chinon Cinais, la responsabilité du club yonnais pourrait ne pas être engagée. « La licence obtenue par I’intéressé au sein du club au titre de la saison 2022-2023, licence revêtue du cachet Mutation, lui a été délivrée dans le respect de la règlementation en vigueur » avait notamment indiqué la CFRC dans le cadre du joueur avoinais. Le dossier sera vraisemblablement traité la semaine prochaine.

 

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