Jason BERTHOMIER

[hermann]

Auteur d’une saison de haute volée (six buts, onze passes décisives), le délié milieu auvergnat est déjà focus sur la saison en L1 alors que le stage de préparation a débuté au Chambon-sur-Lignon (Haute-Loire).

On a bien cru que vous étiez sur le départ. Et finalement, vous restez ! Oui, j’étais libre en fin de saison dernière. Et si rien n’avait filtré à l’extérieur, on était finalement tombés d’accord avant même la fin du championnat pour poursuivre l’aventure avec le Clermont Foot. Après, ce n’était que des modalités de contrat à régler. D’où l’annonce un peu décalée.

On vous sent en tout cas heureux de ce dénouement. On se trompe ? Non, c’est vrai ! Je suis super content de vivre cela ici, qui plus est dans ma région (il est né à Montluçon), avec ce groupe. Je n’étais pas sans solution, j’avais le choix et pas mal de propositions. Mais rester à Clermont, c’est très bien. Je suis pleinement satisfait de cette issue.

Avec un contrat d’un an renouvelable…Oui, et pour valider la seconde saison, il y a des clauses. Elles sont d’ordre strictement sportives. Mais je n’en dirai pas plus.

Comment aborder cette première en L1 pour Clermont ? On découvre cela avec un sentiment particulier, c’est indéniable. C’est même assez difficile à exprimer. Il y a de la joie. Mais il ne faudra rester dans ce seul état d’esprit. Il nous faudra être acteurs de notre saison. Bien sûr qu’il faudra garder ces étoiles dans les yeux, cette insouciance et cette cohésion qui ont fait notre force en L2. Malgré les différences d’âge, l’entente est un point fort de cette équipe au sens large.

Mais dans le groupe actuel, personne quasiment n’a connu la L1… Oui, c’est vrai. Mais on ne vient pas pour regarder, mais pour bien figurer ! Il y a de l’excitation, énormément d’attente. On a tous envie de répondre présent.

« On n’est pas là pour regarder, mais pour bien figurer »

Le stage démarre sans recrues. C’est un souci ? Peu importe le niveau où vous jouez, on en parle tout le temps à chaque mercato. Bien sûr que c’est important qu’elles arrivent pour nous renforcer. Moi le premier, j’ai hâte de les voir nous rejoindre ! On espère des garçons qui seront une plus-value pour le groupe. Bien sûr qu’on aurait aimé qu’elles soient déjà avec nous pour ce stage car c’est un moment important mais c’est ainsi. Le mercato n’a pas vraiment commencé. On serait les seuls dans cette situation, on pourrait peut-être s’inquiéter. Mais tout le monde est logé à la même enseigne.

Article signé Valéry Lefort dans le journal La Montagne 

[hermann]

Après avoir découvert la Ligue 1 sur le tard, Jason Berthomier, le milieu offensif de Clermont Foot, 31 ans, ambitionne de s’y installer durablement.

Jason Berthomier s’est présenté en toute décontraction, vendredi en fin de matinée, après la séance d’entraînement du jour du Clermont Foot qui s’était déroulée sous le regard d’une vingtaine de curieux. Le milieu de 31 ans, qui découvre la Ligue 1, a réussi ses débuts dans l’élite, à l’image de son équipe, 3^e au classement avant cette journée et toujours invaincue. Durant près d’une heure, le deuxième meilleur passeur de Ligue 2 la saison dernière (11 offrandes) a raconté ce parcours atypique qui l’a mené enL1.

« Qu’est-ce que ça fait de découvrir la Ligue 1 à plus de 30 ans ?

C’est un peu particulier et pas très banal mais c’est à l’image de mon parcours. Je suis super heureux de découvrir l’élite du foot français après avoir passé pas mal d’années dans l’antichambre (6, à Bourgen-Bresse, Brest, Troyes et Clermont).J’aila chance de pouvoir le faire chez moi, dans ma région. C’est encore un bonheur supplémentaire.

Honnêtement, tout est décuplé. Il n’y a pas 500 personnes mais le fait qu’il y ait du monde tous les jours aux entraînements, pour nous c’est nouveau. Quand on voit tout ce qu’il y a autour, les supporters, le public dans les stades, c’est surdimensionné.

Comment faites-vous pour garder les pieds sur terre et ne pas trop vous emballer ?

À 31 ans, j’ai le recul qu’il faut. Je ressens une petite fierté d’être parti “d’en bas” pour arriver en Ligue 1. Toutefois, je n’oublie pas d’où je viens et tout ce qu’il a fallu faire pour en arriver là. Il n’y a aucune raison de s’enflammer, il faut continuer à beaucoup travailler, prendre du plaisir et profiter de ça.

Racontez-nous le début de votre parcours à Montluçon.

Je n’ai pas fait de centre de formation. J’ai joué un petit peu en CFA chez moi(il est natif de Montluçon), je suis même retourné une année jouer en DH à Domérat. J’ai ensuite eu la chance de pouvoir repartir dans un club de CFA, à Moulins. C’est là-bas que j’ai réussi à franchir des paliers et à me mettre en tête que j’avais envie de jouer au foot à fond. J’ai rencontré aussi des personnes qui m’ont fait prendre conscience des qualités que j’avais et qui m’ont demandé si je voulais rester le bon joueur de CFA du coin ou si je voulais aller plus haut. Pour cela, il y avait des choses à changer.

Lesquelles ?

J’étais assez frêle, petit. Je suis à l’aise techniquement depuis longtemps mais il fallait que je me développe physiquement, que je sois plus costaud (aujourd’hui, il mesure 1,77 m et pèse 74 kg), plus mobile.

J’ai beaucoup travaillé physiquement. J’ai toujours aimé faire des efforts, sans être un acharné au départ. Au fil des années, j’ai compris que c’était la base. J’ai voulu le faire aussi pour ne rien regretter.

“Dans le foot, il n’y a pas de si… Ce qui compte, c’est la manière dont tu travailles,,

Que faisiez-vous en parallèle du foot durant les années où vous étiez en amateur ?

J’ai été jusqu’au bac, ensuite j’ai fait des études dans le sport. À Moulins, en CFA, j’ai pris le risque de sacrifier mes études, même si je n’allais pas faire bac +8, et de me lancer dans le foot. Je gagnais un peu plus qu’un SMIC en travaillant à mi-temps dans un collège où je m’occupais de la classe foot et où j’étais également surveillant.

Faire un centre de formation aurait-il facilité ou accéléré les choses pour vous ?

On peut toujours se poser la question. Au moment où j’aurais pu en faire un, je n’en ai pas fait. Je n’avais certainement pas les qualités pour. Est-ce que ça aurait changé les choses ? Peut-être. Est-ce que moi je voudrais faire les choses autrement ? Pas du tout.

Pour quelles raisons ?

J’ai 31 ans, mais dans ma tête, j’ai la fraîcheur d’un gamin de 20 ans. Je me lève le matin – encore plus ici car je m’épanouis à 100 % – avec la banane. Je m’éclate.

Parfois, tu vois des mecs qui ont fait des centres, et qui à 20-25 ans en ont déjà un peu marre. Je considère que j’ai encore plein d’énergie. J’ai pu vivre ma jeunesse comme je le voulais, sortir, passer le weekend avec les copains. Je suis resté chez mes parents jusqu’à 18 ans, j’ai grandi avec ma sœur, mes potes d’enfance. Je me suis construit un cercle, et pas seulement de personnes du foot, autour de moi.

Vous n’avez donc aucun regret d’être arrivé tardivement dans l’élite ?

Mon parcours est comme ça. À un moment donné, je n’avais pas les aptitudes pour pouvoir y aller. Aujourd’hui, je suis un joueur qui peut apporter quelque chose au groupe, c’est aussi important.

On a l’impression que vous n’aviez pas de plan de carrière, juste envie de jouer au foot.

Je voulais aller le plus haut possible. Si tu as tout mis en œuvre pour cela et que ça s’arrête en Ligue 2, ça s’arrêtera en Ligue 2. Mais au moins tu n’auras pas de regret. Dans le foot, il n’y a pas de si… Ce qui compte, c’est la manière dont tu travailles pour atteindre tes objectifs. L’humilité et la confiance sont, selon moi, les ingrédients qui font que tu peux arriver en haut.

Arrivez-vous à réaliser que vous êtes un joueur de Ligue 1 ?

C’est dur… Avant que la saison ne commence, on s’est dit qu’on allait prendre des places, avec la famille, pour le match à Paris(contre le PSG). Sur le coup, je me suis compté dans les places. Ma femme m’a dit : “Mais qu’est-ce que tu dis ?” J’ai répondu : “Nous deux, plus le petit, plus…” (rire)Si on est arrivé en Ligue 1, c’est qu’on le mérite. On n’a rien volé à personne. J’ai conscience que je joue en Ligue 1. Rester un joueur de Ligue 1, ça fait partie de mes ambitions. » É

EN BREF

31 ANS

 2014 : avec Moulins (CFA), il élimine Toulouse (2-1 en 16^es de finale) avant de tomber contre Angers (0-0, 2-4 aux t.a.b. en quarts).

 2021 : le 8 août, avec Clermont, il joue son premier match de L1 à Bordeaux (2-0).

7

SA MOYENNE AUX NOTES « L’ÉQUIPE » APRÈS TROIS JOURNÉES. Le Clermontois – crédité d’un 7/10 à Bordeaux (2-0), d’un 8 contre Troyes (2-0) et d’un 6 à Lyon (3-3) – trône ainsi en tête du classement des joueurs de champ.

[lavernelle]

"Arrivez-vous à réaliser que vous êtes un joueur de Ligue 1 ?

C’est dur… Avant que la saison ne commence, on s’est dit qu’on allait prendre des places, avec la famille, pour le match à Paris(contre le PSG). Sur le coup, je me suis compté dans les places. Ma femme m’a dit : “Mais qu’est-ce que tu dis ?” J’ai répondu : “Nous deux, plus le petit, plus…” (rire)"

Bon tireur, mauvais comptable